De nombreuses entreprises suisses souhaitent électrifier leur flotte de transport de marchandises. Le choix de la composition adéquate de la flotte et de la stratégie de recharge figure notamment parmi les défis à relever, et divers obstacles freinent l'électrification. Avec le soutien de la Confédération, un consortium auquel participe INFRAS a élaboré une étude fondamentale sur la décarbonisation du transport de marchandises, ainsi qu'un outil Excel destiné à aider concrètement les entreprises à prendre des décisions.
L'électrification de la flotte de camions est un défi complexe pour les entreprises, qui doivent trouver la composition de flotte et la stratégie de recharge idéales pour leurs besoins spécifiques. Dans le cadre d'un projet de recherche, INFRAS a étudié ce défi et a élaboré un outil d'aide à la décision pour les entreprises, ainsi que des scénarios nationaux pour l'électrification des poids lourds.
L’Institut Paul Scherrer (PSI), la Poste Suisse et Designwerk Technologies ont participé à ce projet en tant que partenaires. L’Office fédéral de l’énergie (OFEN) a apporté son soutien par le biais de son programme de recherche consacré à la mobilité. Dans le cadre de ce projet, INFRAS a collaboré avec de grandes entreprises suisses de logistique et des fournisseurs d'énergie afin de recenser un large éventail de cas d'application représentatifs.
Les dix conclusions principales
Outre les entreprises suisses, cette étude vise à fournir aux décideurs politiques et aux acteurs concernés une base décisionnelle pour faire progresser l'électrification des poids lourds (PL). Le projet de recherche aboutit aux conclusions suivantes:
- L'électrification du transport de marchandises est techniquement réalisable et progresse.
- Elle se heurte toutefois à de nombreux obstacles, comme le prix d'achat élevé des véhicules ou la disponibilité encore limitée des infrastructures publiques de recharge.
- La sécurité en matière de planification et d'investissement serait un levier essentiel pour accélérer l'électrification.
- La plupart des e-SNF homologués disposent déjà aujourd'hui d'une autonomie suffisante pour parcourir la distance moyenne quotidienne.
- Les grandes entreprises suisses misent sur des infrastructures de recharge sur leur propre site, souvent complétées par des « communautés de recharge ».
- Les besoins en recharge des véhicules électriques à batterie devraient s'élever à environ 0,5 TWh en 2030, puis à 1,9 TWh en 2040. Selon le scénario, la recharge dans les dépôts couvrira 70 à 90 % des besoins de la flotte nationale. Les véhicules étrangers en transit se rechargeront à 90-100 % dans des stations publiques.
- L'infrastructure de recharge rapide e-SNF le long des routes nationales repose principalement sur des hubs de recharge de petite à moyenne taille. Des systèmes de recharge mégawatt sont nécessaires, mais uniquement pour environ 16 % des points de recharge.
- Les SNF électriques à batterie génèrent nettement moins d'émissions de gaz à effet de serre que les SNF diesel, et ce, même en prenant en compte leur fabrication et leur élimination.
- Les SNF électriques à batterie ont aujourd'hui encore souvent des coûts d'exploitation globaux légèrement plus élevés que les SNF diesel, mais ils sont déjà rentables pour certaines applications.
- L'électrification des grands centres de distribution régionaux est en principe réalisable d'ici 2030, mais l'extension des capacités du réseau est un facteur critique.
Outil Excel comme aide à la décision concrète pour les entreprises
Pour les entreprises, ce conflit d'objectifs tripartite constitue l'un des défis de la conversion de leur flotte : les exigences en matière d'autonomie, de capacité de charge maximale et de durée de recharge limitée des véhicules lourds à batterie électrique sont en effet en partie contradictoires. Il s'agit donc de trouver une stratégie optimale pour la transformation de la flotte, qui tienne compte des exigences spécifiques de l'entreprise et permette de résoudre ce conflit d'objectifs.
Outre l'étude fondamentale, le projet de recherche propose un outil Excel paramétré permettant de calculer le coût total de possession (TCO) et l'impact environnemental. Cet outil est mis à la disposition des entreprises suisses qui souhaitent électrifier leur flotte de transport de marchandises, afin de les aider à prendre leur décision.
L’électrification du trafic de marchandises est plus complexe que celle du transport de voyageurs
Après que l’électrification s’est surtout concentrée sur le transport de voyageurs au cours des dernières années, le trafic de marchandises se trouve maintenant face à une transformation similaire, explique Roberto Bianchetti, responsable de secteur chez INFRAS. «Or, en raison du grand nombre de types de véhicules, de domaines d’utilisation et d’exigences en termes de recharge, le défi dans le transport de marchandises est bien plus complexe», continue-t-il.
Une collaboration étroite avec l'industrie, les entreprises de logistique et les fournisseurs d'énergie était donc indispensable pour ce projet, mais aussi pour l'électrification du transport de marchandises en général.
Informations complémentaires:
Les partenaires de projet
Projets INFRAS sur le thème de la mobilité électrique:
- Dossier INFRAS «Mobilité électrique» (en allemand)
- Scénarios de mobilité électrique pour le trafic lourd dans le HBEFA (en allemand ou anglais)
Sélection de projets INFRAS sur le transport de marchandises